Voici comblée une lacune surprenante de l’historiographie française concernant la Seconde Guerre mondiale. On la doit à l’universitaire américain Raffael Scheck. Au fil de quatre chapitres, ce spécialiste de l’Allemagne contemporaine livre une enquête minutieuse sur le massacre de 1 500 à 3 000 soldats noirs africains par la Wehrmacht, pendant la campagne de France, et ce à l’aide de sources françaises et allemandes.
Cet ouvrage est à mettre entre les mains de tous car il montre avec la plus grande clarté les mécanismes de l’opération historique et l’utilité sociale de l’activité historienne. L’auteur s’est saisi d’un débat de société qui est né avec la réintroduction du loup en France à la fin du XXe siècle.
Du 31 octobre 2007 au 4 février 2008, le musée Maillol a présenté avec un grand succès une exposition intitulée « Allemagne, les années noires » centrée sur la Grande Guerre et ses conséquences à travers 250 œuvres d’artistes majeurs des avant-gardes allemandes de 1914 à 1930. Un catalogue comprenant la plupart des œuvres exposées a été édité à cette occasion. Elles y sont précédées par trois articles plutôt informatifs écrits par Bertrand Lorquin, Annette Vogel, commissaires de l’exposition, et Hans Wilderotter, historien.
Plus qu’une histoire à proprement dit des Brigades rouges (BR), même si évidemment il l’éclaire, l’ouvrage Armes et bagages. Journal des Brigades rouges, est un récit de l’intérieur d’une des pages les plus importantes, mais aussi les plus sombres de l’histoire italienne, les années de Plomb.
Dans le cadre des différentes manifestations liées au quarantième anniversaire de mai 1968, l’Association Georges Pompidou (AGP) a organisé, le 14 mars 2008, un colloque consacré à « Georges Pompidou et mai 1968 ». Dans la prestigieuse salle Colbert de l’Assemblée nationale, les communications ont été suivies avec attention par un public nombreux et de riches débats ont pu se dérouler entre historiens, acteurs et témoins privilégiés des événements, à l’instar de Marie-France Garaud, Olivier Stirn, Jacques Larché ou encore Jean-Bernard Raimond.
La question des spoliations antisémites et des restitutions absorbe décidément la recherche historique. Cet ouvrage collectif, reprise actualisée d’une publication allemande de 2003, a d’abord pour ambition de nourrir les travaux encore à venir. En effet, il ne s’agit pas tant d’établir le catalogue des connaissances acquises en la matière (les quelques 175 références bibliographiques référencées en fin d’ouvrage en illustrent l’impossibilité), mais de fixer quelques points de comparaison permettant de contribuer à embrasser le processus à diverses échelles.
Dès sa publication, le journal d’Hélène Berr a trouvé un large public, qui a été justement ému par la sensibilité qui se dégage de ce beau texte, miraculeusement sauvé de la catastrophe. Hélène Berr est une jeune fille parisienne, étudiante à la Sorbonne, issue de la bourgeoisie juive assimilée. Elle a passé toute l’Occupation à Paris et a été arrêtée avec ses parents dans leur appartement de l’Avenue Elysée-Reclus le 8 mars 1944. Tous les trois sont déportés à Auschwitz, rentrent dans le camp (ils ne sont pas assassinés à leur arrivée). Raymond et Antoinette Berr meurent, l’un à Monowitz, l’autre à Birkenau. Hélène fait la marche de la mort et succombe d’épuisement à Bergen-Belsen. Durant des années, avec parfois de longues interruptions, Hélène a tenu un journal intime.
L’équipe du MIMMOC (Mémoire, identités et marginalités dans le monde occidental contemporain) de l’université de Poitiers s’est attelée à un travail de longue haleine en organisant, le 14 décembre 2007, sa deuxième journée d’études sur le thème de la « Construction européenne, histoire et images des origines », prélude à un prochain colloque, en 2009 ou 2010, sur cette même question. Initiées par des civilisationistes, ces rencontres se distinguent d’ores et déjà par leur volonté de s’ouvrir à toutes les disciplines. Ainsi, aux côtés des spécialistes de la civilisation allemande ou espagnole, se sont retrouvés des philosophes et des historiens. La transdisciplinarité a accouché, à cette occasion, de communications aux contenus et aux problématiques parfois fort éloignés, avec cependant de belles occasions de dialogue.
Partant d’une interrogation sur la particularité et les paradoxes de la « symbiose judéo-allemande », l’auteur nous livre ici une histoire de l’affinité fragile entre germanité et judéité à travers un fascinant panorama littéraire. C’est en effet le rôle cardinal de la Bildung - éducation de soi et appropriation de la culture allemande - qui a rapproché tout au long du XIXe siècle la pensée juive de la pensée allemande en même temps qu’elle a scellé l’entrée des Juifs dans la bourgeoisie. Pour l’auteur, ce vecteur d’acculturation recouvre dès lors une double fonction intégrative : à la fois lien intime des Juifs à la culture allemande, elle fonde aussi l’histoire de l’assimilation aux valeurs libérales de la bourgeoise allemande.
Cet ouvrage bien documenté est intéressant et utile. Son titre est quelque peu trompeur cependant car il est à la fois en deçà et au-delà de son contenu : en deçà car, si son ambition est bien de traiter de « l’interaction entre le cinéma, l’histoire et la propagande » (p. 5), les trois premiers chapitres sont consacrés à l’image, à la représentation du pouvoir et à la naissance de la propagande, couvrant une immense période qui va de la représentation pariétale à la photographie ; au-delà car, même s’il y a au début de la conclusion quelques ouvertures sur les « sorties de guerre », l’auteur « a choisi d’interrompre son étude au début de la Seconde Guerre mondiale », considérant que « les années trente furent les grandes années du cinéma de propagande » (p. 5).