Elles sont rares et discrètes dans l’histoire et la mémoire nationales. Qui connaît le nom des premières femmes au Gouvernement, ou de la première femme ministre ? Quant à Edith Cresson, première Premier ministre (mai 1991-avril 1992) qui souleva pendant une quinzaine de jours un enthousiasme fou, son passage à Matignon ne laisse pas de trace majeure dans l’histoire. Une exception : Simone Veil, ministre de la Santé dont le nom est associé à une loi marquante pour les droits des femmes, qui fut la première présidente du Parlement européen et bénéficia d’une popularité exceptionnelle.
Obtenue le 21 avril 1944, l’égalité des droits politiques a peu à peu modifié la distribution sexuée du pouvoir exécutif. La fonction gouvernementale reste masculine, et les rares femmes nommées ne marquent ni l’histoire, ni la mémoire nationale, à l’exception de Simone Veil et, dans une moindre mesure, de Françoise Giroud.
Le 15 janvier 2006, Michelle Bachelet était élue à la présidence du Chili avec 53,49 % des voix. Fait remarquable, la coalition au pouvoir - la Concertación por la Democracia - mettait en compétition lors de ses élections primaires, deux femmes : Soledad Alvear, démocrate-chrétienne et Michelle Bachelet, socialiste. Ni l’une ni l’autre ne sont des outsiders de la politique. L’une et l’autre ont été plusieurs fois ministres sous les précédents gouvernements de la Concertación.
La question de la relation entre les femmes et le pouvoir exécutif en Inde évoque immédiatement la figure imposante d’Indira Gandhi, Premier ministre de la plus grande démocratie du monde durant seize années (1966-1977, 1980-1984).
Régulièrement, quand on traite des femmes et de la politique d’un point de vue comparatif, on parle de « l’exception française ». À la fois parce que la France a été une des dernières grandes démocraties à donner le droit de vote et d’éligibilité aux femmes (1944 contre 1906 en Finlande, 1919 en Allemagne, 1920 aux États-Unis et au Canada, 1928 au Royaume-Uni pour ne citer que quelques exemples) mais aussi (et surtout) en raison de la faible place qu’elle leur concède dans son Parlement. À cet égard, elle est encore aujourd’hui (avec 12,3 % de députés depuis 2002) au 84e rang mondial.