Tard venue dans la tradition française, l’histoire urbaine apparaît aujourd’hui comme un des champs d’études les plus dynamiques et les mieux ancrés de la production historique. Longtemps fruit d’initiatives individuelles , pratiquée par des chercheurs plus ou moins isolés, transgressant les découpages académiques convenus, elle dispose aujourd’hui tant de structures institutionnelles ou associatives ] que de professeurs d’université et de programmes de recherche où se déployer, sans oublier les multiples colloques, séminaires et conférences. Tous les signes de l’existence d’une discipline historique semblent ainsi attester de sa réalité.
C’est avec la décennie 1990 que surgit la question de la nécessaire conservation des archives de la recherche, notamment au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) dans le domaine des données quantitatives. Néanmoins, en regard de ce qui passe, dès la décennie précédente, du côté des sciences de la nature, la situation des sciences humaines et sociales (SHS) dans ce domaine, comme dans d’autres, reste mauvaise. Deux rapports faisant l’état des lieux et préconisant des solutions concrètes constituent des jalons importants pour comprendre la situation actuelle : celui de Roxane Silberman sur les données des enquêtes sociales et celui de Françoise Cribier sur les données qualitatives des sciences sociales. Si ces deux rapports ont connu des sorts différents, eu égard aux contextes politiques de leur achèvement, ils participaient d’une préoccupation commune portée alors clairement par le ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur.
- Nous souhaitons tout d’abord mettre l’accent sur votre actualité éditoriale : la publication, en avril 2009, de votre ouvrage intitulé Histoire de l’Europe 1949-2009 . Pour quelles raisons avez-vous ressenti le besoin d’écrire cet ouvrage à ce moment précis et pourquoi avez-vous choisi ces bornes chronologiques ? 1949 délaisse délibérément l’Europe de l’entre-deux-guerres, l’Europe d’Aristide Briand ?