Rendre compte d’un tel livre est une gageure tant il touche à des sujets différents, s’inscrit dans une très longue durée de deux siècles, regroupe une quantité impressionnante de contributions (vingt-deux), parfois très pointues, et concerne des espaces géographiques distribués dans le monde entier. Bien sûr, par son titre, il rappelle le titre d’un autre livre, à caractère très polémique, Coloniser, Exterminer… [1] d’Olivier Le Cour Grandmaison. Mais il ne lui est pas du tout comparable, ni par le fond, ni par la forme, tant le livre publié sous la direction de Samia El Mechat n’est pas organisé comme un discours (idéologique), mais comme une succession d’exemples. On ne peut qu’admirer la synthèse problématique qu’en a donnée Samia El Mechat, l’initiatrice du colloque et de ce gros livre. Elle permet de comprendre les axes de réflexion qui ont guidé les participants : l’articulation entre « pacification » et « administration » dans le cadre colonial ; le contenu même du concept de « pacification » ; enfin, le regain d’intérêt contemporain et par conséquent la pertinence des « modèles » élaborés dans le passé en situation postcoloniale. Dans son introduction, Samia El Mechat part de ces « modèles » pour en dégager la ligne directrice d’une interaction, et même d’une intrication entre action militaire et action politique dans la « pacification », et il s’appuie largement sur la doctrine formulée jadis par Gallieni : « L’action vive est l’exception. » Élargissant la notion de « pacification », elle souligne combien les autres modalités de la politique coloniale (éducation, santé) en font partie en vue de la mise en place d’une « double autorité militaire et politique », s’appuyant sur une délégation de responsabilités aux élites locales. Mais elle montre aussi que ce projet qui constitue le cœur de la « pacification » coloniale, au sens large, a été illusoire et que la pacification n’a été que « la variable d’ajustement » de la domination.
Les différentes communications ont donc pour objectif d’illustrer
Quoiqu’il en soit, ce livre témoigne de la variété et de la richesse de la jeune recherche en France sur les questions coloniales.
[1] Olivier Le Cour Grandmaison, Coloniser, Exterminer. Sur la guerre et l’État colonial, Paris, Fayard, 2005.