La polémique de 1979 ouverte par l’Association des professeurs d’histoire et de géographie (APHG) et par Alain Decaux sur l’enseignement de l’histoire est, à bien des égards, matricielle. Une lecture politique de celle-ci questionne l’épistémologie de la discipline dans son rapport aux années 1968, dans la manière dont elle peut constituer une forme d’introduction à la nouvelle configuration historiographique qu’établissent Les Lieux de mémoire. Trois temps ordonnent la saisie de cette polémique inaugurale : le tempo du politique, le temps rétrospectif du procès des années 68, l’après-coup de l’épistémologie.
Les Archives nationales ont conservé et mis à la disposition du public le fonds Jean Zay (1904-1944), qui permet d'enrichir notre compréhension de l'histoire politique et culturelle de la France du premier XXe siècle. Moitié juif, moitié protestant, Jean Zay était un homme de grande culture, un avocat et un très jeune député radical du Loiret, cheville ouvrière du Front populaire.
Cible de l'extrême droite à partir de 1934, il entra au gouvernement en janvier 1936. En juin de cette même année, Léon Blum le nomma ministre de l'Éducation nationale et des Beaux Arts, en faisant de lui le centre politique de la vie culturelle française. Arrêté en août 1940 par la police française à son arrivée au Maroc à bord du Massilia, il fut emprisonné et accusé de désertion le 4 octobre 1940, lors d'un procès hautement politique qui le condamna à la réclusion perpétuelle. Durant ses quarante-sept mois d'enfermement, Jean Zay rédigea des lettres, des nouvelles, des notes sur son travail de ministre, des réflexions sur la mémoire et sur sa solitude. En juin 1944, il fut remis entre les mains de la Milice qui l'assassina.
Jean Zay adorait la littérature, le théâtre, la musique, les sports. Ses goûts et ses passions s'ancraient dans une vie familiale épanouie. Ces documents uniques révèlent sa façon de travailler, son humanisme et éclairent l'histoire française des années 1930 et du début 1940.
Y a-t-il dans votre environnement de jeunesse des éléments qui vous ont conduit à ce parcours d’excellence qui vous a mené de l’ENS à l’ENA et à l’agrégation ?
Je suis né à Paris, mais avec des origines provinciales très nettes. Par ma mère je suis 50 % Corrézien et par mon père je suis 25 % Bordelais et 25 % de Cholet.
Pour me définir, je suis fondamentalement Parisien. J’ai toujours été élève de l’enseignement public d’un bout à l’autre et ma grande révélation intellectuelle a été mon entrée en sixième A au lycée.
Je suis né en 1926, je suis entré en sixième en 1937, au lycée Charlemagne et, là, j’ai été transporté d'enthousiasme ! C’était donc l’enseignement des années 1930, dans un lycée parisien avec des professeurs remarquables. J’ai eu en sixième, comme professeur d’histoire-géographie, c’est assez pittoresque, Pierre Georges. Il était tout jeune et des rumeurs absurdes de l’époque disaient qu’il était communiste. Ce qui était vrai. Mais les gens qui ne le connaissaient pas le caricaturaient, assurant qu’il avait pratiquement un couteau sur son bureau. C’était un très bon professeur et il était très bon géographe, futur grand professeur à la Sorbonne, et membre de l'Institut.