L’histoire de l’audiovisuel en France est une discipline récente : les premières thèses datent des années 1980, les premières synthèses des années 1990. Initiée et portée par Jean-Noël Jeanneney autour du séminaire de recherche qu’il dirigeait à Sciences Po, l’histoire de la radio et de la télévision a prospéré et diversifié ses axes. Des thèses de plus en plus nombreuses viennent rejoindre sur les rayons de l’Inathèque celles des pionniers (
L’ouvrage suit un plan logiquement chronologique divisé en cinq parties. La première, « Naissance d’un média, 1935-1958 », présente les évolutions techniques (un peu longuement) et la mise en place de la télévision comme média. À la fin des années 1950, avec moins de 10 % des ménages équipés, la télévision a commencé sa percée qui sera confirmée dans la période suivante. La deuxième partie, « Naissance d’une institution, 1959-1974 », est centrée sur la période gaulliste et sur l’emprise politique que le pouvoir fait peser sur une institution en perpétuelle mutation, parce qu’elle ne répond jamais aux desiderata des hommes politiques. L’originalité de cette partie est de montrer que les professionnels de la télévision, en dépit des pressions permanentes, inventent des émissions et des programmes, adaptent des concepts venus d’Amérique et d’Angleterre ainsi que de la radio et de
L’intérêt majeur de cette histoire de la télévision est qu’elle ne se contente pas d’une histoire institutionnelle, mais qu’elle aborde longuement tous les programmes et toutes les émissions, d’information comme de divertissement, ainsi que tous les genres et toutes les formes de « l’art de la télévision » selon l’heureuse expression de Gilles Delavaud. Elle fait également le point sur l’évolution des audiences et le rapport au public. Cet ouvrage est fort utile, on l’aura compris, tant pour les étudiants que pour les collègues historiens du contemporain. Certes, on peut remarquer de la part des auteurs, en dignes émules de Jean-Noël Jeanneney, une certaine sympathie envers le service public, au détriment du secteur privé. En effet, dans le cadre d’une histoire des industries culturelles et de la culture de masse, la distinction entre les deux secteurs apparaît comme quelque peu obsolète. Du point de vue du téléspectateur, la télévision est une : on regarde un programme, mais pas une chaîne et encore moins un « service », qu’il soit public ou privé.
Signalons à l’occasion de cette recension la publication de la thèse d’Isabelle Gaillard, La Télévision, histoire d’un objet de consommation, 1945-1985, malheureusement sans les graphiques et les tableaux qui illustraient le propos dans