La loi du 23 janvier 2012, dite « loi Boyer », qui pénalise la contestation du génocide des Arméniens fait ici l’objet d’une étude serrée de la part de Vincent Duclert. Cette loi en effet peut être analysée par les historiens dans sa généalogie comme dans ses attendus politiques et scientifiques, tant elle a d’implications sur le travail historiographique. Nous publions cette étude en deux parties : la première, dans cette livraison, se penche sur l’histoire de l’élaboration législative, les débats que la loi a provoqués et la position du Conseil constitutionnel à son sujet ; la seconde partie, qui paraîtra dans le prochain numéro d’Histoire@Politique, traitera quant à elle des enjeux historiographiques qu’une telle loi charrie.
L'article présente une enquête d'histoire orale, « Témoignages sur la guerre d'Algérie », conduite par l'historienne et politiste Odile Rudelle entre 1977 et 1984. Le texte revient sur la fabrique de l'enquête (le contexte et les conditions de sa production), sur les usages historiens qui en ont été faits (les difficultés d'exploitation et les usages détournés) ainsi que sur la toute récente opération de numérisation de ces entretiens par les Archives d'histoire contemporaine du Centre d'histoire de Sciences Po, numérisation qui offre une importante visibilité et, qui sait?, une nouvelle vie à ce corpus.
Commençons, si vous le voulez bien, par ce que nous pourrions appeler l’influence de votre milieu sur votre carrière. Le poids des héritages nous semble particulièrement important puisque vous êtes le fils de Lucien Paye et êtes devenu le gendre de Jean-Marcel Jeanneney. En quoi cela a-t-il eu une influence importante sur votre carrière ?
Du côté de ma famille, l’héritage compte surtout une forte proportion d’instituteurs Sur mes quatre grands-parents, il y avait deux instituteurs et une fille d’instituteurs, tous laïques. Du côté de ma mère, ils venaient du sud de Grenoble, dans le Trièves, et du côté de mon père de l’Anjou. Ma grand-mère paternelle était la fille d’un « hussard noir de la République », qui avait dirigé, dans les années 1880, l’école laïque d’un village du Maine-et-Loire. Mon grand-père paternel était fils d’agriculteurs et, comme il était bon en maths, il avait fait l’école normale d’instituteurs, puis assez rapidement il était devenu « agent voyer », ce qui était autrefois le titre de ce qui s’appelle aujourd’hui « ingénieur des travaux publics ». Il est resté dans le Maine-et-Loire.