« La guerre donne le temps fort, le temps vrai, le temps peuplé de vrais événements, écrivait Pierre Chaunu, dans sa contribution aux Essais d’ego-histoire. C’est lui qui accroche le reste de la durée, la durée molle des avant et des après-guerre ».
Près de deux cents exécutions en l’espace de six mois, des procédures ultra expéditives mais non moins structurées afin de ne pas laisser place à l’improvisation, un quadrillage systématique du territoire français, une organisation centralisée par le secrétariat général au Maintien de l’ordre, qui a tous les pouvoirs en matière de répression : les cours martiales sont l’un des symboles forts du « dernier Vichy », et l’épisode le plus meurtrier de l’histoire de la justice française pendant l’Occupation.
On ne sort pas de quatre années de guerre comme d’un simple cauchemar, au son du dernier coup de canon, le 11 novembre 1918 à 11 heures du matin. Au sortir de la Grande Guerre, la Belgique est ruinée. Les soldats et le roi qui rentrent du front sont acclamés. Les héros et les martyrs sont glorifiés. Et la population qui a quotidiennement souffert pendant quatre années d’occupation réclame des têtes.
Au cours de la première année qui suivit la Victoire dans la Grande guerre patriotique, près de trente millions de Soviétiques – évacués civils, militaires démobilisés, prisonniers de guerre et Ostarbeiter rapatriés – tentèrent de retourner chez eux, de retrouver le rythme d’une vie en temps de paix, un emploi, un logement, une vie de famille.
La guerre pose la question de la reconnaissance du sacrifice consenti par les combattants. Pendant le conflit tout d’abord, afin d’entretenir la flamme, de renforcer la cohésion nationale et de favoriser une certaine émulation au sein des armées. A la fin des hostilités ensuite, alors que se développe la « culpabilité, consciente ou inconsciente, individuelle et collective, d’avoir enfreint ou laissé enfreindre l’interdit ‘Tu ne tueras point’ » en envoyant les combattants à la mort ou au danger.
« Je n’ai pas eu le bonheur de connaître un grand-père ancien combattant de 14-18. En revanche j’ai eu la chance ou la malchance, tout dépendait des fluctuations de mon humeur d’adolescent, d’avoir un père qui avait fait la Résistance. »
Loin de prétendre être une synthèse sur l’enfance et le deuil, cet article s’inscrit dans la droite ligne d’un travail de doctorat portant sur les expériences enfantines de la guerre. L’enjeu ici est donc de tenter de nous situer dans « l’œil de l’enfance », autrement dit au plus près d’une parole enfantine sur le deuil.
La RDA s’est efforcée de former une jeunesse socialiste par le biais d’un réseau d’institutions et d’organisations de masse. Cette « entreprise d’État » impliquait de réduire autant que possible les influences liées à une « mauvaise » socialisation due aux groupes de jeunes informels. Au cours des années 1960, ces « bandes » font à la fois l’objet d’une politique de stigmatisation et de criminalisation. Le tournant des années 1970 aboutit à une reconnaissance partielle de ces peer groups dans l’espace public. Il conviendra d’apporter toutes les nuances nécessaires à cette reconnaissance à l’exemple de l’analyse d’un film documentaire est-allemand sur les groupes informels de jeunes du quartier de Prenzlauer Berg au début des années 1980.
A l’été 1914, plus de 1,5 million de Français étaient affiliés par le biais d’une société sportive, de tir ou de gymnastique à une fédération régissant les choses du sport, de l’éducation physique et de la préparation militaire. Si l’on ne peut considérer que ces adeptes de l’exercice physique aient constitué une catégorie sociale en soi et si les activités athlétiques entraient en part variable dans la construction des identités individuelles et collectives des populations masculines d’un pays encore majoritairement rural, le sport propose malgré tout un point d’observation original de l’évolution politique, culturelle et sociale de la France et de l’Europe en guerre.
Lorsque les villes subissent des dommages en temps de guerre, ou sont détruites, la reconstruction devient l’enjeu de la sortie du conflit. Mais à l’issue de la Première guerre mondiale, dans un pays comme la France, qui fut la plus touchée matériellement, la reconstruction intervient aussi dans un contexte diplomatique particulier : l’exigence de réparations à l’Allemagne perpétue les logiques de guerre. La reconstruction avait également des finalités économiques et sociales : il s’agissait de reconstituer l’appareil industriel, les ouvrages d’art, les villes et les villages détruits. Mais elle se doublait aussi, pour ce qui concerne la reconstruction des villes détruites, de valeurs plus spirituelles, parmi lesquelles la mémoire patrimoniale jouait un rôle déterminant. En même temps, la nécessité de moderniser les villes se fit jour, elle aussi, au moment de la sortie de guerre.
L’Espagne de la seconde moitié du XXe siècle présente un cas bien particulier de sortie de guerre. Elle a en effet été le théâtre d’une guerre civile d’une extrême violence qui a donné lieu à une dictature exclusive, fondée sur l’exaltation des vainqueurs et l’annihilation physique et morale des vaincus. Le régime franquiste, loin d’être réconciliateur, a prolongé les effets dévastateurs de la guerre en termes de division de la société. Il a de plus été d’une longévité exceptionnelle puisque c’est la mort naturelle du général Franco, le 20 novembre 1975, qui a mis fin au régime instauré en 1939. Par conséquent, la question de la sortie de la guerre, tant au niveau politique, culturel que symbolique, a été reportée trente-six ans après la fin officielle de la guerre civile, le 1er avril 1939.