Cet article est né d’une triple insatisfaction. Une insatisfaction « civique » tout d’abord, parce que l’histoire des relations internationales reste très focalisée sur l’Europe occidentale, alors qu’il s’agit désormais de comprendre des enjeux régionaux et des réalités de terrains de plus en plus lointains. Il était jadis important, dans le monde entier, d’avoir une bonne connaissance des relations franco-allemandes car leur impact était mondial. Désormais, ne vaut-il pas mieux enseigner ce qu’est la Ligne Durand, ou l’histoire des relations sino-japonaises ? Dès lors, ne faut-il pas s’intéresser à l’histoire longue extra-européenne, d’une part, et aux conséquences, pour les enjeux actuels, de l’« intrusion » européenne d’autre part ?
La mise à disposition « providentielle » d’un riche fonds d’archives privées offre une occasion rare de « désentraver » l’histoire de l’administration en tentant d’approcher la vie d’un ingénieur sous le Second Empire, observateur privilégié de l’invasion prussienne et de l’occupation en 1870, puis engagé volontaire dans l’armée de Bourbaki.
- Pouvez-vous nous préciser votre milieu d’origine ?
Des ancêtres venus de presque toutes nos provinces. Une vie intellectuelle intense et riche au service des idées et de l’État. Une symbiose harmonieuse de traditions catholique et républicaine. Une expérience nationale et coloniale légitimée par la promotion des droits humains et la « mission universelle de la France ». Une ignorance totale et même une méfiance du monde anglo-saxon. Bref, un mélange typiquement français. Une ambiance humaniste et tolérante.