À l’image de la nouvelle sociologie des sciences des années 1970 qui voulut historiciser la connaissance scientifique, l’histoire des sciences sociales entend à son tour proposer une approche externe et globale des savoirs. Faire l’histoire de la sociologie française amène le chercheur à déplier les œuvres finies en examinant comment l’enquête du sociologue a été construite. Il s’agit aussi d’inscrire la démarche de connaissance du sociologue dans les cadres qui la rendent possible, les politiques globales de recherche, les relations avec les commanditaires, la dynamique propre des laboratoires et de leurs équipes et l’internationalisation des réseaux scientifiques. Au sein de ces configurations relationnelles à la fois savantes et politiques, le sociologue se retrouve au cœur des mécanismes de savoir-pouvoir et joue souvent un rôle d’expert selon des modalités plurielles.
Le Centre de documentation juive contemporaine, créé sous l’Occupation à Grenoble en 1943, demeure aujourd’hui, sous l’appellation « Centre de documentation du Mémorial de la Shoah », un lieu incontournable pour les chercheurs étudiant les persécutions antisémites conduites en France par l’Allemagne nazie et le régime de Vichy et pour les personnes qui plus généralement s’intéressent au génocide des Juifs perpétré pendant la Seconde Guerre mondiale. Les fonds qu’il conserve ont fait depuis sept décennies l’objet d’usages variés, entre écriture de l’histoire, aide apportée aux autorités judiciaires et souci de diffuser le savoir sur le génocide auprès d’un large public. Ses archives permettent par ailleurs aux historiens d’étudier tant l’action des perpetrators que les réactions des victimes, ainsi plus généralement que l’histoire des Juifs de France au XXe siècle.
Pouvez-vous nous parler de votre milieu d’origine, votre formation et l’influence de celle-ci sur vos choix postérieurs.
Je suis né en Toscane, j’ai vécu ma petite enfance à Florence, puis j’ai passé quelques années à Rome parce que mes parents avaient décidé de déménager là-bas. Ensuite, je suis arrivé à Trévise, où j’ai terminé le lycée et après je suis allé à l’université de Padoue. D’abord je pourrais dire que j’étais passionné par l’histoire lorsque j’étais jeune homme au lycée, et quand je suis allé à l’université de Padoue, j’ai choisi les sciences politiques. Ce n’était pas par désir d’être universitaire, j’ai peut-être fait ce choix parce que j’avais ce vague désir de faire ma carrière en diplomatie au ministère des Affaires étrangères. Mais j’avais toujours cet intérêt pour l’histoire, j’avais aussi un intérêt pour d’autres disciplines qui sont enseignées à Sciences Po, surtout la science politique et le droit international.
Mais le vrai tournant a été la rencontre avec un professeur d’histoire des relations internationales que je regardais comme un maître, Ennio Di Nolfo.