Dominique Parodi (1870-1955), philosophe-professeur devenu inspecteur général de l’Instruction publique après la Première Guerre mondiale, appartient à une génération intellectuelle marquée par les combats de l’affaire Dreyfus et par la lutte contre le cléricalisme. « Rationaliste impénitent » et ardent républicain, il fut un acteur important de la controverse philosophique sur le « problème moral » dans le "moment 1900". La Grande Guerre fut pour lui une épreuve philosophique et morale. Les articles qu’il publie en 1915 et 1916 tentent de concilier critique rationnelle et justification philosophique de la guerre du droit. Ses différents écrits soulignent l’ambivalence morale de la guerre : expérience d’une élévation et, dans le même temps, d’un effondrement lourd de menace pour la raison et l’idéal démocratique. Opposé à toute mystique guerrière, Parodi poursuit sur deux fronts, intérieur et extérieur, le combat philosophique contre les adversaires du « rationalisme moral ».
La décennie 1980 est à bien des égards, pour la droite française, une période originale. Dans le contexte français de l’alternance socialiste de 1981 et dans le contexte international des expériences Thatcher et Reagan, l’opposition semble gagnée par une fièvre libérale qui entend promouvoir une rupture, aussi bien avec la politique du pouvoir en place qu’avec le « libéralisme avancé » de l’ère giscardienne. Pour suivre cette ambitieuse entreprise de rénovation idéologique, avivée par la perspective des élections législatives de 1986, il est intéressant d’étudier de près l’évolution du Parti républicain de cette époque. L’ancienne formation giscardienne, désormais dirigée par François Léotard et ses amis (« la bande à Léo »), se présente en effet alors comme le fer de lance d’une révolution culturelle de grande ampleur. La figure d’Alain Madelin en particulier joue un rôle tout à fait central dans cette histoire, de par son goût des idées, sa connaissance approfondie de la littérature libérale et ses très nombreux liens avec des cercles intellectuels se réclamant d’un libéralisme radical, de type hayékien. La jeune garde du PR se place ainsi au cœur d’un pari politique audacieux, quoique non dénué d’ambiguïtés. Un pari qui, surtout, ne s’avèrera être finalement qu’un feu de paille. En effet, la défaite de la droite aux élections présidentielles de 1988 va marquer la fin de la « bande à Léo », tout en refermant pour longtemps cette brève parenthèse durant laquelle une partie de la droite française a paru pouvoir assumer un discours libéral décomplexé, voire tonitruant.