Au sein d’une historiographie de l’État et des administrations publiques qui s’est considérablement enrichie et renouvelée depuis une vingtaine d’années – embrassant des dimensions très hétérogènes de l’appareil étatique (histoire économique, juridique, politique, sociale, etc.) –, l’institution préfectorale (à l’instar d’ailleurs d’autres corps de la haute fonction publique) est longtemps demeurée en retrait de ce foisonnement intellectuel et empirique. Sans doute parce que deux grandes traditions de recherches – l’histoire politique du corps puis l’approche systémique de l’institution telles que nous les qualifions ici – ont largement prédominé, cristallisant et durcissant ainsi une certaine vision de l’institution. Fort de ce constat, l’article s’attarde sur les apports heuristiques d’une historiographie récente qui a cherché à dépasser et à renouveler ces approches classiques en jetant les bases d’une ethnologie et d’une anthropologie des pratiques administratives préfectorales, mettant ainsi en scène les administrateurs départementaux dans leur pratique quotidienne et routinière du métier. Si ces travaux novateurs ont permis une relecture de l’institution plus que féconde, ils n’épuisent pas bien évidemment le champ des possibles. L’article propose ainsi quelques pistes et chantiers de recherche qui mériteraient d’être entrepris à court et moyen terme.