Cet article vient proposer une synthèse et une extension d’une journée d’étude prenant pour problématique les questions méthodologiques et épistémologiques associées aux sources numériques natives (SNN), c’est-à-dire produites originellement dans le contexte d’usage des outils et environnements numériques. On s’attache d’abord à décrire le type de sources dont il s’agit du point de vue de leur matérialité, afin de les faire apparaître derrière le mille-feuille des artefacts informatiques. Données, code, documents, équipement : autant de niveaux allant du logiciel au matériel informatique dans lesquels s’inscrivent les gestes et mots du présent. Ces sources sont ensuite considérées à travers le processus de mise en archive, censée leur donner une valeur patrimoniale stable – et soulevant les problématiques de l’originalité, de l’intégrité et de l’authenticité de ces sources. Enfin, un échantillon de méthodologies associées à l’analyse des SNN est présenté à travers une observation à plusieurs échelles, avant de conclure ce tour d’horizon par les questionnements épistémologiques entraînés par la réflexivité du chercheur qui les manipule.
Le Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF) conserve un fonds papier d’éphémères électoraux, qui est un corpus co-construit au fil du temps et dont la sauvegarde a été effectuée grâce à la recherche. Les éphémères constituent une typologie documentaire originale mais qui, par définition, ne peuvent être exhaustifs. Classés, ils sont réutilisés pour de nombreux usages. La numérisation est retenue pour permettre un accès encore plus large. Sa mise en œuvre, financée grâce à un appel à projet de la Bibliothèque scientifique numérique (segment 5), consiste en un partenariat entre un laboratoire de recherche, le CEVIPOF, et des professionnels de la numérisation, à la bibliothèque de Sciences Po. Mais le projet pose des défis et des difficultés, notamment des questions d’ordre juridique et scientifique. Finalement, la question qui demeure puisqu’il n’est pas possible de numériser l’ensemble du fonds est la distorsion entre fonds papier et corpus numérique.