Les images sont si présentes dans notre quotidien « globalisé » qu’on parle aujourd’hui de « tournant pictorial » (W. J. T. Mitchell). Si personne ne conteste le besoin de proposer des méthodes d’analyse visuelle, accessibles à tous dès le plus jeune âge, les désaccords quant aux façons d’appréhender les images et le corpus à étudier sont vigoureux. Quelles images doit-on étudier ? Celles qui ont passé l’épreuve du temps et qu’on appelle des chefs-d’œuvre ? Celles des médias qui ont une diffusion très large et nous affectent au quotidien ? Peut-on, doit-on mettre au même niveau un spot publicitaire et une œuvre d’art vidéo ? Selon quels critères évaluer le regard ainsi que l’environnement social, politique, familial qui forme ce regard ? Cet article tentera d’éclairer les débats récents à ce sujet : les critiques adressées à l’histoire de l’art, une discipline, qui s’est traditionnellement occupée de l’étude des images ; la naissance de la « culture visuelle » et des « études visuelles » qui ont permis de reforger les outils d’analyse. Tout au long, nous réfléchirons sur la spécificité du champ épistémologique concernant le visuel, des usages et objectifs des méthodes, sans oublier le potentiel de fascination des images.
Initiée en 1994 par le réalisateur américain Steven Spielberg, la Visual History Archive est la plus vaste collection de témoignages de survivants de génocides et de crimes de masses. Si la majorité de cette archive concerne les rescapés de la Shoah, son administrateur basé à Los Angeles, USC Shoah Foundation, ajoute régulièrement des témoignages de témoins d’autres crimes. Numérisée et indexée, cette archive qui fut amorcée à des fins civiques et pédagogiques est désormais de plus en plus utilisée par des chercheurs de nombreuses disciplines. En présentant les origines, la méthode, le contenu, la réception et le potentiel scientifique de la Visual History Archive, cet article a pour but de faire connaître cette collection qui, depuis 2016, est disponible dans son intégralité à l’American University of Paris.