Les images sont si présentes dans notre quotidien « globalisé » qu’on parle aujourd’hui de « tournant pictorial » (W. J. T. Mitchell). Si personne ne conteste le besoin de proposer des méthodes d’analyse visuelle, accessibles à tous dès le plus jeune âge, les désaccords quant aux façons d’appréhender les images et le corpus à étudier sont vigoureux. Quelles images doit-on étudier ? Celles qui ont passé l’épreuve du temps et qu’on appelle des chefs-d’œuvre ? Celles des médias qui ont une diffusion très large et nous affectent au quotidien ? Peut-on, doit-on mettre au même niveau un spot publicitaire et une œuvre d’art vidéo ? Selon quels critères évaluer le regard ainsi que l’environnement social, politique, familial qui forme ce regard ? Cet article tentera d’éclairer les débats récents à ce sujet : les critiques adressées à l’histoire de l’art, une discipline, qui s’est traditionnellement occupée de l’étude des images ; la naissance de la « culture visuelle » et des « études visuelles » qui ont permis de reforger les outils d’analyse. Tout au long, nous réfléchirons sur la spécificité du champ épistémologique concernant le visuel, des usages et objectifs des méthodes, sans oublier le potentiel de fascination des images.