Dozza et Campioli, maires de Bologne et de Reggio-Emilia de la Libération jusqu’au milieu des années 1960, incarnent la puissance municipale du parti communiste italien. Construisant leur légitimité sur une double appartenance, à la fois communiste et résistante, ils insistent sur leur volonté de favoriser l’éclosion d’une pratique politique novatrice. S’appuyant sur la résistance qu’ils entendent prolonger politiquement et symbolisant l’opposition aux gouvernements démocrates-chrétiens, les deux élus exercent leur fonction de façon originale, à mi-chemin entre un édile traditionnel et un « chef du peuple », à la tête du mouvement social.
Cet article aborde un pan peu étudié de la Libération de la France en 1944-1945 : le rétablissement d’une administration militaire territoriale, sous la forme de régions militaires. Outre une fonction technique, celles-ci ont reçu une mission de maintien de l’ordre et de contrôle des Forces françaises de l’Intérieur. L’installation de leurs commandants ne s’est pas déroulée comme le gouvernement provisoire du général de Gaulle l’avait envisagé. Les émissaires gouvernementaux ont en effet souvent trouvé des places déjà prises par les responsables régionaux FFI. Ces prises de contact ont emprunté des voies variées. En novembre 1944, la moitié des commandants des régions militaires provient de la résistance intérieure.