Le régime nazi a organisé le plus grand pillage d’œuvres d’art de l’histoire. La France fut, pour les services d’Alfred Rosenberg en charge de cette opération (Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg : ERR), un terrain de chasse particulier, où au moins 100 000 œuvres furent volées, principalement à des propriétaires juifs. De nombreux historiens de l’art et directeurs de musée allemands ont apporté leurs connaissances à cette entreprise. Ils n’ont pour la plupart pas été jugés pour ces actes après la chute du Troisième Reich. Seule la France a tenté de les conduire en justice. En 1950, le tribunal militaire de Paris jugea six responsables de l’ERR. L’instruction du procès fut une occasion manquée de décrire les mécanismes administratifs du pillage et de comprendre l’idéologie qui l’a sous-tendu. Ce procès fut unique dans l’Europe de l’après-guerre, bien qu’il n’eut à l’époque qu’un faible écho.
Cet article s’intéresse à l’histoire politique et masculine de Saint-Denis dans l’entre-deux-guerres. De par les effets néfastes de la guerre et du travail industriel sur la santé physique de la population masculine de la ville, les débouchés virils proposés par les radicalisations politiques de gauche comme de droite rencontrent un fort succès local du début des années 1920 à la fin des années 1930. À l’aune de cette question masculine et des réponses viriles que les partis politiques tentent de lui apporter, cette étude s’efforce de jeter une lumière nouvelle sur les revirements idéologiques de Saint-Denis dans l’entre-deux-guerres — du communisme au doriotisme.